Dave Wayne ou MadeInParis, dualité d’un vrai-faux romantique

Mario Mathusalem
3 min readNov 9, 2020

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Flou, 2020

Né aux Antilles néerlandaises, arrivé en France âgé de 10 ans, MadeInParis, Dave Wayne, de son vrai nom, a d’abord rappé en anglais puis s’est récemment révélé en français dans le texte. La double culture et ce double langage, dans les propos aussi bien que dans la langue, marquent la caractéristique première de sa musique. Influencé avant tout par les Etats-Unis, il revendique parmi ses inspirations The Weeknd, Drake, Kid Cudi et PARTYNEXTDOOR. Pourtant son travail ne se limite pas à une copie ou une quelconque fascination mal maîtrisée pour les Etats-Unis et ses industriels rebelles amoureux.

Très vite la filiation parait naturelle. La racine d’un esprit plutôt anglo-saxon moulé dans le français rend très bien compte de ses influences et de son profil à deux faces. Ingénieur son, il a notamment travaillé sur « Djadja » d’Aya Nakamura à titre de référence. Polyglotte, et polyvalent, D Wayne réalise, produit et interprète. 7/10, soit le nombre de titres qu’il a lui-même conçu seul pour son dernier projet, dont le mélancolique « Mort » ou l’énergique intro « Demain ». Autre cartouche : sa voix, relativement aigüe, qui joue avec les hauteurs sans difficulté. On peut d’ailleurs lui trouver des airs de Hamza dans sa façon de s’envoler ou juste de placer.

Stylistiquement, MadeInParis est assez éclectique même si son univers demeure entre le divertissement à l’américaine et l’érotisme donjuanesque. Cependant, son écriture est un peu plus complexe que le simple showman auquel habitue le rap américain.

S’il a clairement une facette un peu simple de « fuckboy », en témoigne : « 24 ans avec une mannequin de l’Est, soirée à Paname, c’est rempli de cess » (Demain, Vide, 2020), MadeInParis est également un peu plus introspectif sous ses airs inconséquents. Par exemple, il donne sans pudeur : « J’travaille pour avoir plus confiance en moi» (Demain, Vide). Plus loin au cours du projet, il poursuit : « La dépression fait en sorte que je reste isolé » et « Des pénuries, des timpes quand je m’ennuie. J’ai tout essayé juste pour comprendre mes envies » (23h59, Vide).

Désabusé derrière un attrait superficiel pour les femmes — elles semblent composer son cercle de compensation, celle de ses doutes — MadeInParis exprime quelque chose de plus profond qu’une simple revendication masculine. Dans sa bouche, le slogan classique « Je baise plein de meufs, j’adore ça : je suis trop fort » évolue, et le sexe semble davantage l’exutoire triste à ce qui le dépasse qu’une véritable fête. Sorti le 12 mai, son plus beau succès, « YSL » , dit tout de son style, de son univers, et annonce la couleur d’un projet prévu pour la fin d’année. L’heure du vrai impact ? « J’ai décidé de changer plein de choses dans ma vie » lâche-t-il, peut-être à raison.

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